TADAM! de Owen : leçon de rap avant la rentrée

Une personne portant des lunettes de soleil rouges et noires, avec des cheveux bouclés noirs, fumant de la marijuana dans un environnement sombre avec des étagères en arrière-plan, portant un vêtement noir et rouge, avec des tatouages visibles sur la main et le cou.

Crédits : @cryorone

Sorti presque par surprise, TADAM! est venu bousculer la scène rap et capter immédiatement notre attention. Derrière ce projet ambitieux, on retrouve Owen, un artiste originaire de Cholet, qui livre ici une mixtape sombre et travaillée où le rap est au cœur de l'œuvre. Intrigués par cette sortie aussi inattendue que marquante, nous avons voulu revenir sur son état d’esprit et sur ce qui fait la force de ce projet.

“ J’avais juste pour projet de retrouver le Owen d’il y a 8 ans, celui qui tapait “type beat” et rappait (mal) sans se prendre la tête. Ce projet, c’est la concrétisation de 8 ans de karaté intense, et ça se reflète aussi dans les feats. Au-delà du fait que ce sont tous des rappeurs que j’écoute, ce sont surtout des bons humains, des vrais — et ça, c’est ce qui compte le plus à mes yeux. TADAM! je l’ai écrit en 2 mois, je ne me suis pas pris la tête… sauf pour écrire ”

TADAM! est un projet de 11 titres, à l’ambiance sombre, parfois même pesante, dans lequel Owen et ses invités nous dévoilent tout leur talent pour rapper. Dès l’introduction, SKUNK INTRO, nous comprenons où nous venons de mettre les pieds. Sur un fond de violon hypnotique aux allures de bande sonore épique, le rappeur du collectif La Pièce délivre barz sur barz avec des placements méticuleux.

“ La je cook donc Etchebest va rien m’apprendre, des rappeurs j’en ai ras la panse ”

À peine remis, le deuxième morceau nous met à terre : QUEL PROUVEUR CE OWEN est une démonstration de rap parfaite, comme quasiment l'entièreté du projet. Les punchlines egotrip – « que des ficelles, il n’y a pas d’airballs ici » – s’enchaînent sur une double instrumentale, d’abord sombre puis plus joyeuse, comme pour nous montrer qu’il sait tout faire.

Cette dualité d’ambiance, nous la retrouverons tout au long de la mixtape. Les premiers titres sont pesants, funestes, à l’image de TEAM ROCKET, le featuring avec Zeu, pour ensuite s’égayer un peu, comme dans le featuring avec Tedax Max et son instrumentale aux airs de flûte.

En parlant de featurings, ce projet en regorge. Comme le dit Owen : « j’ai rappé avec des gars qui rappent » – et une fois de plus, ce n’est pas un mensonge. Celam, Emilomicro, Mistral, Kurdy, Stutt : tous ont respecté l’invitation, que ce soit à travers des passe-passe fluides ou des couplets tranchants. Les featurings sont cohérents et montrent une réelle alchimie entre les artistes, s'immisçant parfaitement dans le flow du projet. Par ailleurs, le projet est parsemé d’extraits audio, rendant le tout beaucoup moins formel, comme si tout ceci n’était qu’un jeu bien trop facile pour Owen.

J’ai rappé avec des gars qui rappent

La production est, elle aussi, au rendez-vous. Billmondo, xoxorcess, fadjee, noowaayout, kisewav, lowpvc, onikira, Azalee et Sombrelune composent les différentes instrumentales du projet. Ces dernières sont denses et regorgent de détails, à l’image du trombone en fond sur VIOLET MYERS, tout en laissant beaucoup de place aux artistes afin que le rap reste au centre. De nombreux instruments sont utilisés – du violon au piano, en passant par la flûte et le carillon – rendant le tout beaucoup plus vivant, mais les sonorités restent cohérentes. C’est d’ailleurs ce qu’on pourrait reprocher un peu à cette mixtape : des productions certes riches, mais qui tournent parfois un peu en rond dans leur direction, et qui se révèlent parfois un peu trop timides alors qu’elles pourraient davantage sublimer le talent des rappeurs.

TADAM! se conclut sur OUTRO ALBUFEIRA, un son au sample joyeux et à l’ambiance beaucoup moins pesante, qui détonne avec l’introduction du projet. Le morceau est beaucoup plus calme et empreint d’espoir, comme si OWEN avait eu besoin de se libérer et de nous rappeler, juste avant la rentrée, qu’il est l’un des meilleurs rappeurs du moment… et qu’il pouvait désormais se reposer un peu, à Albufeira.

Article écrit par Basile