Mandyspie : le compte à rebours est lancé avec Minuit moins une
Crédits : @laura.hrv
Minuit moins une. Un titre qui claque comme un avertissement doux-amer, une frontière fine entre l’attente et le basculement. C’est à ce moment précis, juste avant que la magie opère ou que le sortilège s’annule, que Mandyspie choisit de faire son entrée.
Avec ce nouveau projet, la rappeuse continue de tracer sa route avec détermination, mêlant introspection, ambition, et un style qui lui est propre.
Dès le single Fairytale, le ton est donné : Mandyspie rêve en grand, et elle le fait savoir. Ce “conte de fée” n’a rien de naïf. Il s’ancre dans la volonté de ne plus rien laisser passer, de saisir sa chance avant qu’il ne soit trop tard. Sur Instable, l’intro du projet, elle lâche avec lucidité :
“ Pour de grands rêves, il faut de grands recours, pour les grands rêves y’a un compte à rebours ”
Pas de doute : la course a déjà commencé, et Mandyspie court pour elle-même, sans attendre l’aval de personne.
Un voyage intime et contrasté
Minuit moins une se vit comme un road trip émotionnel. La voix de Mandyspie s’y fait tantôt nonchalante, tantôt tranchante, mais toujours sincère. “Je reste nonchalante, je fais mes petits pas de danse” glisse-t-elle, comme une invitation à la suivre sur des terrains inédits.
Dans Atypical, elle explore la sororité, l’amour, et les rapports humains qui la traversent. La ville de Paris devient personnage : à la fois lieu de fête et de solitude, miroir fidèle d’une jeunesse partagée entre vertige et repli. Le morceau Fetti creuse une veine plus crue : l'argent comme levier, les addictions comme fuite :“J’étais obligée de laisser ça comme l’alcool, toujours des crises quand y’a plus de za. Je suis triste donc je vais faire quelques achats”
Mandyspie ne cache rien. Elle transforme ses désillusions en matière artistique, ses contradictions en force créative. Elle évoque des promesses déçues, des rêves d’adolescente qui se heurtent au réel : “Je me suis fait tant de promesses délaissées, genre à 23 j’serai PDG, genre à 24 avec un baby”
Une esthétique sonore libre et affirmée
Côté production, Minuit moins une est à l’image de son autrice : insaisissable, fluide, audacieuse. Les instrumentales oscillent entre planant, sombre et brutal, tout en laissant place à la légèreté et au mouvement. Une alchimie qui permet à Mandyspie d’imposer son univers sonore sans jamais s’enfermer.
Ce projet marque aussi une étape plus introspective. Elle y parle de son rapport aux autres, de ses aspirations, des complications rencontrées, de ses inquiétudes face à l’avenir. Mais derrière les doutes, c’est la force qui domine, le désir d’indépendance, la fierté d’avancer malgré les blessures, notamment familiales.
Ride or die : un mantra de clôture
En conclusion, Ride or Die agit comme une synthèse. Mandyspie y invite l’auditeur à suivre sa propre voie, à avancer sans trahir ses règles internes. Un mantra d’émancipation, de victoire, mais surtout de paix intérieure.
Avec Minuit moins une, Mandyspie signe un EP dense, personnel, puissant. Elle prouve que l’introspection peut cohabiter avec la danse, que la vulnérabilité est compatible avec la conquête. Le sortilège ne s’est pas encore annulé — il ne fait peut-être même que commencer.
Article écrit par Carollsuzan